LE DÉPÔT DE L'AGE DU BRONZE DE DREUIL-LÈS-AMIENS (Somme)
par Gilles GAUCHER
C'est, semble-t-il, dans le grand ouvrage d'Ernest Chantre, paru en 1875-76, que fut, pour la première fois, citée la découverte faite à Dreuil-lès-Amiens (Somme). Mention bien incomplète puisqu'elle indique qu'une « fonderie » mise au jour dans cette commune avait livré seulement 4 haches, 3 bracelets, 4 boucles ou anneaux et un objet indéterminé ; toutes ces pièces faisant partie de la collection que John Evans conservait à Nash Mills (Chantre, 1875-76, t. III, p. 50-51). Evans lui-même, cinq ans plus tard, donna quelques autres détails sur cette découverte. Dans son livre sur l'Age du Bronze, paru en anglais en 1881 et traduit en français l'année suivante, il cite 12 fois le dépôt de Dreuil (Evans, 1881, index p. 507) et publie les dessins de deux objets, un coulant et une pendeloque (ibid., fig. 504 et 508).
Une série d'articles de l'abbé Breuil, publiés dans L'Anthropologie de 1900 à 1919, présente ce dépôt de façon plus complète. Néanmoins, il m'a semblé nécessaire d'en reprendre la publication. D'abord parce que Breuil n'a présenté que 50 pièces alors que 216 sont aujourd'hui encore conservées. Ensuite parce que le plan qu'il suit, regroupant par types toutes les découvertes faites dans le bassin de la Somme, oblige à rechercher à travers ses 7 articles les objets constituant cet ensemble, recherche qu'aucun inventaire ni index ne facilite. Enfin parce que les dessins illustrant cette étude ne permettent pas toujours de voir les détails intéressants, insuffisance à laquelle les descriptions suppléent rarement1.
On ignore tout des circonstances dans lesquelles ce dépôt fut mis au jour. Evans précise seulement que la découverte a eu lieu vers 1872 (Evans, 1881, p. 393). Breuil traduit en 1872 et ajoute qu'elle fut faite « dans la terre à brique » (Breuil, 1900, p. 515). Cette dernière indication ne provient probablement pas d'un renseignement direct concernant la provenance : l'abbé a coutume, dans cette étude, de répartir les trouvailles selon leur patine entre les rivières, la tourbe ou la terre à brique.
Dès 1881, la plupart des objets faisaient partie de la collection d'Evans. Ils sont, depuis 1927, conservés à Oxford, au département des antiquités de l'Ashmolean Museum. Trois ou quatre pièces étaient, à Durham, entre les mains du chanoine Greenwell ; elles sont,
1. Je remercie le Dr H. J. Case, conservateur, et le Dr A. Sherratt de l'Ashmolean Museum à Oxford ; G. Wilson-Marsden du British Museum et F. Audouze qui ont facilité la réalisation de cette étude.
Gallia Préhistoire, Tome 25, 1982, 1.
